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Vol en conditions météo dégradées
Ref : C8X9KPOV1M

Dates

Date de déclaration : 01/08/2021
Dernière modification : 07/08/2021
Date de clôture : 07/08/2021

Descriptif de l'évènement

Vers 14 h, j'ai un vol programmé de 30 mn avec 2 passagers depuis le terrain et le long de la côte. Je consulte l'atis local distant de 6 NM, le metar donne BKN 800 et visi 4000m, pas de dégradation immédiate annoncée dans le taf. Je confirme cette sortie que j'ai déjà réalisée des dizaines de fois.
Une heure plus tard par sécurité avant le décollage constatant quelques nuages, je reprend l'atis, c' est toujours le même message. Un collègue instructeur s'apprête à décoller et un autre est de retour de baptême hélico, je me conforte de leur décision de voler avec un plafond à 800 pieds sachant que je vais rester sur le trait de cote sans aucun relief.
N'ayant pas volé sur le PA28 depuis 2 mois mais sur le lionceau , je me remémore la position des différents instruments légèrement différente, m'aligne et décolle en 24 direction sud.
En montée je me retrouve très vite face à un plafond bas, des nuages importants sur l'intérieur des terres et une entrée maritime devant moi, je décide de monter jusque l'altitude de sécurité 300 pieds et préviens mes passagers que je retourne au terrain, je rapproche le plafond avec quelques barbules à 400 pieds et m'apprête à partir en virage par la droite pour éviter la couche et retrouver la vent arrière à 500 pieds.
A ce moment là tout se précipite, la passagère en place arrière panique et crie, l'appareil qui avait décollé devant moi s'annonce à la radio dans le tour de piste à la même position que moi , et ma visibilité est maintenant très réduite!!! Je fais 3 choses en même temps, j'annonce ma position à la radio, sans visuel sur l'autre appareil, je regarde mes instruments sans être concentré, je regarde à l'extérieur pour apercevoir l'autre appareil, le vario entrevu rapidement m'indique que mon avion est en descente dans le virage. Je profite du peu de visibilité que j'ai retrouvé au dessus de la mer pour stabiliser mon avion ressentant bien le facteur de charge et me reporte dans la vent arrière à 500 pieds.
Tout s'est bien terminé, les passagers m'ont félicité d'avoir pris la bonne décision mais j'avoue avoir eu un moment de frayeur!!!
Un vol apparemment très facile qui aurait pu mal se terminer.
Mes erreurs commises :
Faire confiance à l'Atis alors que visiblement la situation se dégradait, j'aurais peut être du regarder l'animation satellitaire pour apercevoir l'entrée maritime.
Il aurait été préférable que j'attende que le collègue qui a décollé devant moi me donne le niveau du plafond avant d'envisager de décoller et éviter de se retrouver à 2 dans un tour de piste restreint.

Une solide formation bien adaptée et un peu d'expérience sur l'avion (environ 300 h sur PA28 sur 500h totales) m'ont été bien utiles.
Je souhaite continuer cette formation par des exercices de récupération en situations délicates ainsi que du vol sans visibilité.

Classification de l'évènement

La déclaration concerne : Sécurité des vols (SV)
Catégorie : Facteurs Humains
Nature du vol : VFR Jour
Conditions météo : nuageux
Environnement : Non Contrôlé (Classe F, G)
Phase de l'évènement : Au décollage
Type de vol : Local
Type d'évènement : Météo: Problème
Type d’aéronef : PA 28
Equipement : Non défini

Evaluation du risque

Traitement de l'évènement


Merci au pilote pour sa franchise quant au partage sans faux fuyant de cette expérience qui s'est fort heureusement bien terminée. Au regard des éléments étudiés d'après ce Rex, il apparaît évident que les conditions météo étaient vraiment limites pour envisager le vol en toute sécurité, ou tout du moins en toute sérénité. Les terrains côtiers sont réputés pour ce genre d'évolution. Les phénomènes de rentrées maritimes sont assez fréquents mais pas tant à cette période de l'année. Cependant au regard du temps de ces dernières semaines, des températures associées ainsi que des régimes de vent d'ouest, on peut s'y retrouver confronté même en été.
De plus, ces phénomènes sont souvent très localisés. Ainsi, il peut y avoir 800 pieds d'annoncé dans l'ATIS et 300 pieds voire moins sur le terrain et inversement.
Un vol avec 800 pieds de plafond et une visibilité réduite à 4000 mètres, même en bord de mer n'est jamais un vol facile. De par le volume d'évolution réduit, avec 800 pieds de plafond, sachant que l'avion doit être à 500 pieds sol mini et quand même quelques dizaines de pieds sous les nuages, ça laisse grosso modo 250 pieds de marge en évolution verticale, sans compter le fait que d'autres avions pourraient tout aussi bien faire la même chose en sens inverse donc au niveau séparation dans le plan vertical, il n'y a aucune marge d'erreur possible.
Le vol en conditions IMC même temporaire nécessite un entraînement régulier, il ne s'improvise pas, même pour des passages très brefs dans les barbules, a fortiori à proximité du sol, avec des passagers dont on a la responsabilité, ce qui ne fait qu'ajouter du stress à une situation déjà bien mal engagée.

Actions correctives : - attendre une évolution probante et concrète des conditions météos effectives sur le terrain et pas seulement celles communiquées via l'Atis local.
- consulter les cartes météos ad hoc et se les faire interpréter par une personne compétente si nécessaire.
- demander l'avis d'un instructeur (a fortiori si l'un deux part en vol au même moment, ça vaut certainement la peine d'attendre son analyse en temps réel )
- ne pas hésiter en cas de doutes à annuler le vol en expliquant clairement la situation aux passagers et en insistant bien sur les risques et les conséquences parfois létales des vols dans ces conditions. S'il y a un doute, c'est qu'il y a déjà une incertitude quant au parfait déroulement du vol !!!
- retenez une petite maxime bien adaptée à ce Rex : il vaut mieux regretter d'être au sol, QUE REGRETTER D’ÊTRE EN VOL.

Actions préventives : Une discussion avec le conseil d'administration et le groupe sécurité des vols sera entamée afin de réévaluer éventuellement les conditions météorologiques minimum requises à respecter impérativement avant le vol local.

Les pilotes doivent également garder un regard critique par rapport aux données ATIS, qui peuvent avoir été enregistrées jusqu'à une heure auparavant.
Il est donc important de relever, non seulement les paramètres mais également l'heure d'émission du message.

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