Conditions de vol moyennes, 2 passagers de ma famille (neveu et son amie), déjà volé avec moi il y a quelques années. Lors d'un vol local élargi (survol de Vielmoulin près de LFEP) et 5 minutes après le survol de leur village (3 fois 360°) ma passagère (âgée d'une trentaine d'années) située à l'avant me dit avoir des fourmis dans les jambes, puis devient de plus en plus crispée et me dit ne plus pouvoir ouvrir les mains. Elle est effectivement très crispée, les mains serrées et devient presque prostrée. je lui demande de respirer, oriente les aérateurs et lui donne un sac vomitoire. Je suis en contact avec Bale Info mais je ne parle pas du problème.Je décide de rentrer en route directe sur LFGM, tout en envisageant un autre lieu si la situation devient critique (LFLH pour présence secours plus proche), je fais cela en accord avec son copain qui lui masse les épaules.
Arrivée sur Montceau avec message radio pour intégration vent arrière, je suis stressé, ma passagère me répond de moins en moins. Arrivée en finale trop haut, trop vite et turbulences dues au vent (027), je procède donc avec une remise de gaz. Seconde tentative OK , ma passagère vomit légèrement à l'atterrissage. Elle tremble des membres inférieurs, est toujours aussi crispée, mains fermées. Elle ne veut pas descendre de l'avion, elle dit que ses jambes ne peuvent pas la porter. Il nous faudra plus de vingt minutes pour l'évacuer de l'avion et elle ira s'asseoir dans un hangar, à même le sol, avec toujours des tremblements et les mains serrées, et un sentiment de honte par dessus tout cela !
Après lui avoir donné du sucre, du coca, la situation ne s'améliore pas vraiment. Je compose le numéro du SMUR et Maxence explique les symptômes. Le médecin dit
avoir décelé une crise de tétanie et nous demande de la faire respirer 20 fois dans un sac puis 2 fois extérieur et de nouveau 20 fois dans le sac. La situation s'améliore et nous pouvons la conduire au bar et au calme. Elle a repris une conversation normale et c'est le sentiment d'avoir gâché le vol qui prédomine. Je la rassure sur ce point.
J'ai été très heureux de l'attitude des membres du club qui sont venus conseillés et prendre des nouvelles tout au long de cet épisode inédit pour moi!

Mon expérience m'a aidé dans la mesure ou j'ai fait une remise de gaz plutôt qu'essayer de se poser dans des conditions imparfaites, mais aussi les quelques souvenirs de secourisme ( et celles de mon neveu) de qui m'ont permis d'être certes stressé mais pas affolé. Je surveillais une éventuelle perte de connaissance et dans ce cas là un déroutement envisagé.
Après discussion, elle n'avait jamais été victime de ce phénomène, mais sa mère manifestement à ce genre de problèmes. De plus ils avaient fêté un anniversaire la veille et s'étaient couchés à 3 heures, probablement avec un peu d'alcool dans le sang...donc pas une nuit sereine!
J'avais prévenu avant le vol des conditions turbulentes et leur avait précisé qu'à tout moment le retour était possible. J'avais veillé ne pas faire des virages trop inclinés lors du survol de leur village et les conversations à ce moment étaient sur le ton de l'excitation (tu as vu notre maison, regardes machin à une piscine...). Rien ne présageait d'une évolution vers une crise de tétanie. J'avais repris une navigation vers Beaune et suivant l'autoroute quand les premiers symptômes sont arrivés, et je lui ai demandé à ce moment si rien ne la serrait...
Manifestement et d'après le médecin, c'est donc une saturation en gaz carbonique qui conduit à la tétanie. Respirer dans un sac est donc une solution à retenir si ce genre de situation se reproduit.
Je n'ai pas remarqué d'odeurs particulière dans la cabine, les aérateurs étaient tous ouverts.

Partage d'information pris en compte concernant les conditions du jour avec les passagers
Identification tardive de la dégradation de l'état de santé progressive lors de la première partie du vol.
Choix d'entreprendre le vol en condition turbulente avec des passagers novices.
Décision en vol de déroutement ou retour au terrain partagé avec la passagère en difficulté mais discutable .
Absence de communication avec le contrôle SIV dés l'apparition du problème (aide éventuelle et conseil)

Actions correctives :
Entretien avec le pilote pour débriefer
Actions préventives :
diffusion du rex au niveau national
rappel auprès des élèves et pilotes du club sur les conséquences de l'hyperventilation et les solutions éventuelles (tableau de bord trimestrielle diffusé à tous les membres)