Je suis de retour de navigation avec un élève, face à l'Ouest, proche du terrain de destination, à 2000 pieds.
La visibilité est bonne, mais nous sommes proche du solstice d'hiver, il est tard et le soleil est bas sur l'horizon. Alors que je suis occupé à discuter avec l'élève d'un exercice que nous venons de réaliser, je suis attiré par une lumière et note tout à coup face à nous et à la même altitude un aéronef genre TMG.
La distance est difficile à évaluer maisl il est proche. Je prends les commandes, m'écarte à droite en prenant un peu d'alitude. Nous croisons le trafic qui passe plus bas et à gauche entre 5 et 10 secondes plus tard. Il n'a pas changé de trajectoire. M'a t'il vu de son coté ?

Cela aurait pu très mal se terminer. On a vite fait de relacher sa surveillance du ciel, et heureusement que son phare était allumé (comme le nôtre). Le fait d'avoir le soleil face à nous ne facilitait pas les choses.
C'est une bonne leçon pour moi comme pour l'élève, et montre par ailleurs tout l'intérêt de garder son phare allumé dans les basses couches.

Un des principes de base du vol VFR est "VOIR ET EVITER" ; cet événement nous rappelle l'importance vitale de la surveillance du ciel dans notre activité. Ce principe est d'autant plus important dans ou aux abords d'un circuit d'aérodrome, qui plus est non contrôlé, où les risques d'abordage sont plus nombreux.
Dans cet exemple, l'instructeur a "les yeux dehors" bien qu'il échange avec son élève. Et malgré des conditions de visibilité défavorables, c'est le phare allumé de l'avion en conflit qui va lui permettre d'enclancher la manoeuvre d'évitement.
A cela se rajoutent trois facteurs contributifs :
- l'absence de message radio qui aurait alerté notre équipage sur un trafic à proximité ;
- les conditions de visibilité (soleil bas) qui perturbaient la visibilité des pilotes ;
- le vol d'instruction qui a également cette particularité d'entrainer souvent une charge de travail importante de la part des instructeurs et des élèves avec un risque de travail tête basse et une moindre surveillance du trafic extérieur.

Cet événement met en lumière, une fois de plus, l'importance du principe "VOIR ET EVITER", principe qui a été l'ultime barrière de prévention permettant l'action de l'instructeur et ayant évité l'accident.

Actions préventives :
Dans l'avion, il faut avoir à l'esprit que la sécurité s'effectue essentiellement en "regardant dehors".
En vol, quelques points à surveiller :
- se méfier d'un ciel clair sans contraste ou d'un soleil rasant, de face, conditions affectant la visibilité du pilote ou encore d'un plafond bas amenant les avions à évoluer à des altitudes identiques ;
- exercer une surveillance extérieure active et dynamique pour rechercher un conflit possible sans attendre qu'il apparaisse (ne pas hésiter à solliciter l'aide de tous les passagers) ;
- faire des messages radio de report de position en rapprochement du ou dans le circuit d'aérodrome ;
- veiller à bien nettoyer la verrière avant un vol ;
- faire attention aux angles morts (notamment avec les avions à haubanage) ;
- ne pas hésiter à utiliser ses phares d'atterrissage ou de roulage pour "être vu".