En vol d'instruction lors d'un exercice de posé décollé sur la piste 25 de l'aérodrome de Gaillac un choc important est ressenti sur la partie avant au moment de la rotation décollage. La longueur de piste résiduelle étant insuffisante, le fonctionnement moteur étant normal sans vibrations et ayant un bon contrôle de l'avion le pilote décide de poursuivre la montée. Suspectant un endommagement du train avant (débattement des palonniers limité et présentant des points durs) un atterrissage de précaution est entrepris en piste 25 (vitesse minimale lors de l'atterrissage et maintien de l'avion sur le train principal tant que possible).La dé rotation se fait en douceur lorsque le train avant touche, l'avion roule encore environ 100m en embarquant à gauche.Alors que l'avion est presque à l'arrêt le train avant s'efface et l'avion bascule sur le nez.
La BGTA constatera la présence de débris de carénage et de poils d'animaux au point de rotation du posé décollé. Le choc ressenti résulte donc vraisemblablement du choc avec un animal.

1°- Perception rapide de l'endommagement de la roulette de nez.
2°- Réaction avion au palonnier a permis de déduire que la roulette de nez était bloquée à gauche
3°- Moteur en bon état de fonctionnement sans vibrations.Avion contrôlable avec restrictions sur l'axe de lacet (point dur aux palonniers et dérapage permanent à gauche (2/3 de débattement bille aiguille)). Proximité d'un terrain en herbe adéquat. Tout ceci m'a donné la disponibilité temporelle pour l'analyse. Je redoutais néanmoins une dégradation de la situation en cas d'endommagement du bâti moteur.
4°- Mon analyse conclut à une probable embardée à gauche lors de la dé rotation à l'atterrissage
5°- Stratégie : mise en place d'un atterrissage de précaution adapté : Toucher sur la partie droite de la piste .Maintien de l'avion sur le train principal tant que possible, Conserver le moteur en fonctionnement pour un meilleur contrôle en tangage en cas de trajectoire non conforme aux attentes lors du toucher de la roulette
6°- L'expérience du train classique m'a permis de libérer de la ressource pour gérer l’événement par analogie avec des situations connues (atterrissages vent de travers).

Très bonne gestion de la situation par le pilote instructeur qui déclare avoir fait un FORDEC avant chaque prise de décision.
TRAJECTOIRE : Piste insuffisante pour se reposer devant, pilotage de l'avion en montée puis vent arrière.
ANALYSE : Train avant endommagé qui induit un dérapage à gauche (2/3 de débattement bille aiguille) et un point dur au palonniers à mi-course du au flambage de la tringlerie le train avant ayant plié 20 à 30° vers l'arrière droit. Le moteur tourne normalement. L'avion est pilotable avec du pied à droite. La piste de LFXX en herbe est longue 1100m et large 60m plus le taxiway. Le CDB effectue un passage à 200ft pour une inspection visuelle par des pilotes témoins au sol. Il n'obtient pas de réponse sur la fréquence.Craignant d'autres dégâts sur le châssis moteur le CDB décide de ne pas rentrer à LFYY (piste en dur plus courte et plus étroite avec environnement contraignant) mais de se reposer à LFXX.
BILAN : Train avant plié commande tordue, dur à la direction, avion qui "tire" franchement à gauche avec un dur médian au palonniers.
DECISION : Après avoir fait un FORDEC et conscient que l'avion déviera à gauche après l'atterrissage le CDB effectue un atterrissage de précaution à la vitesse mini en se décalant à droite de la piste. Il déverrouille la verrière, coupe la batterie et l'alternateur en courte finale, pose les trains principaux à l'entrée de piste la roulette 66m plus loin, ferme l'essence. L'avion embarque à gauche, s'immobilise à 4m du bord gauche de la piste. Le train avant s'efface complètement dans le dernier mètre et l'avion bascule sur l'hélice.

Actions correctives : Aucune

Actions préventives : Utiliser ce "cas d'école" lors de notre réunion annuelle et insister sur les bonnes pratiques utilisées ainsi que sur le FORDEC.