Le pilote n’a pas volé depuis 2 mois. Il s’entraine en tour de piste, le vent est établi de travers avec 11 à 17kt. Il termine un 360° d'attente à 1300ft en milieu de vent arrière pour la piste principale (demande du contrôleur, cause trafic). Le contrôleur lui propose d’utiliser la piste secondaire (cause trafic) qui mesure 700m avec un circuit à 800ft, il accepte. Il se retrouve en finale trop vite et trop haut, il est autorisé à l’atterrissage. Il avait annoncé un atterrissage et reste dans l'idée de se poser, le seuil de piste lui échappe et il pose l’avion à mi-piste. Voyant qu’il ne peut pas s'arrêter avant le bout de piste, il redécolle, annonce la remise de gaz et reprend le circuit pour un tour de piste sur la piste principale.

Quand la tour de contrôle me propose de passer du tour de piste principal à 1300 ft QNH au tour de piste secondaire à 800 ft QNH, j'aurai dû réduire tout de suite et complètement les gaz pour réduire ma vitesse et rejoindre rapidement l’altitude de 800ft.
C'était une proposition de la tour et non un ordre de passer du tour de piste à 1300 ft au tour de piste à 800ft, rétrospectivement je me rends compte que j'aurai aussi pu leur dire que je préférais rester sur le tour de piste principal ne me sentant pas prêt à passer d'un circuit à l'autre ce jour-là.
En finale, voyant que mon point d'aboutissement n'était pas stabilisé, j'aurai dû remettre les gaz avant de poser mes roues et non vouloir me poser à tout prix...

Un vol de réentrainement en TDP solo, du vent de travers irrégulier, constituent des menaces pour la sécurité d’un vol. Le pilote a choisi en conséquence d’effectuer son entrainement sur la piste principale qui lui procure les marges adéquates.
La surveillance du trafic, les messages radio et le pilotage dans une masse d’air instable sont autant d’éléments qui consomment de la ressource attentionnelle et viennent « charger » le cerveau du pilote. Quand la « charge mentale » devient une « surcharge », le pilote n’a plus assez de ressources disponibles pour conduire un raisonnement critique, il ne va pas identifier la piste secondaire comme une nouvelle menace.
Quand le cerveau manque de ressource attentionnelle, il va trouver que c‘est plus simple d’accepter la proposition du contrôleur (la piste secondaire) et de poursuivre l’objectif initial (réaliser un atterrissage, comme annoncé) que d’élaborer un plan B (avec renoncement au plan A).

Les conditions sont alors réunies pour une tunnelisation sur l’objectif « Poser l’avion sur la piste secondaire ». Le cerveau ignore les « voyants rouges » : vitesse, hauteur et point d’aboutissement, il économise ses ressources. Seule la perception du danger imminent (peur) provoque l’exécution d’une manœuvre de sauvegarde, au dernier moment. Une fois au sol, le pilote peut de nouveau utiliser ses ressources pour élaborer les stratégies adéquates et se demande pourquoi il ne les a pas mises en œuvre en vol.

Quelques indications pour se dégager de la situation de « surcharge mentale » :
- se donner du temps : lorsque le contrôleur pose une question, le pilote peut répondre : « Je vous rappelle » et prendre le temps dont il a besoin pour élaborer sa réponse du jour, en effectuant par exemple un/des tours d’attente hors circuit de piste…
- garder à l’esprit durant tout le vol « les menaces du jour » et intégrer les nouvelles menaces : utiliser la piste secondaire ? mais c’est une nouvelle menace ! Est-ce réalisable ? quelle est ma stratégie ? Il me faut du temps…
- anticiper : pour tout objectif plan A, préparer un plan B. Le renoncement au plan A est alors plus simple, car déjà envisagé.

Quelques indications pour préparer son approche/finale/atterrissage (plan A) :
- systématiser le briefing de la remise de gaz (plan B),
- se fixer un plancher de stabilisation sur la finale (passage du plan A vers le plan B): si je n’ai pas stabilisé l’approche (AXE, PLAN, VITESSE, CONFIGURATION) à « tel endroit », RDG.

Actions correctives :
- aucune.
Actions préventives :
- partager ce REX avec les adhérents.
- Demander aux FI de rappeler aux pilotes/élèves, comment bien préparer un changement inopiné de piste (de principale vers secondaire).