J'accompagne un pilote breveté avec un de ses amis. Le pilote craint que le vent, 15 à 20 kt travers, ne soit au-delà de ses capacités et me demande de l'accompagner en safety pilot.
Après un vol local sans difficultés, nous revenons sur le terrain et le pilote (alors en place gauche) me demande de lui démontrer une arrivée "aile basse".
Je reprends les commandes en finale alors que nous sommes trop haut, trop vite. Le vent n'est pas très important, à la lecture de la manche à air, je l'évalue à 15 kt.
Je reprends un plan normal de descente mais, à l'arrondi, je n'ai pas pu résorber totalement l'excédent de vitesse et l'avion remonte légèrement.
Je décide de remettre les gaz (sans avoir le temps de repousser la réchauffe carburateur ni de rentrer les volets) et l'appareil semble peiner à reprendre de la vitesse et de la hauteur et reste en effet de sol. L'avion amorce alors un virage vers la droite.
Après quelques dizaines de mètres, je perds le contrôle de l'avion avec un angle d'environ 20° par rapport à l'axe de piste.
L'appareil touche durement le sol et poursuit sa trajectoire jusqu'à la clôture qui ceinture maintenant l'aérodrome.
L'avion s'immobilise et nous pouvons évacuer après avoir coupé les contacts et fermé l'arrivée d'essence. Personne n'est blessé, l'appareil est très sérieusement endommagé.

Sur le moment, et même quelques heures après, je n'ai pas compris ce qui s'est produit. Malgré l'incapacité à reprendre de la vitesse et de la hauteur, je ne pense pas à une défaillance du moteur, même si, lors du décollage initial, nous avons remarqué une accélération un peu longue.
Une hypothèse (qui n'est qu'une hypothèse) est que, lors de la remise de gaz, voyant approcher la clôture qui entoure maintenant le terrain, j'ai tiré trop sur le manche et me sois trouvé au second régime. Nous étions proches de la masse max (env.880 kg pour 900 kg de MTOW) avec un centrage dans l’enveloppe de vol.
J'exclue l'explication "vent de travers" puisque, jusqu'à l'arrondi, la trajectoire était maintenue et que ce n'est qu'après la remise des gaz que j'ai perdu le contrôle, à la suite d'un virage vers la droite alors que le vent soufflait de la gauche.

Si cet accident n’a heureusement eu aucune conséquence pour les occupants de l’avion, les dégâts matériels sont cependant très importants : train arraché, hélice tordue, moteur et bâti-moteur sans doute endommagés, aile gauche largement entaillée, impact sur l’aile droite. Seuls le fuselage et les empennages arrière semblent avoir été épargnés.
Un atterrissage réussi c’est d’abord une finale sur l’axe, dans le plan, à la bonne vitesse. Il est généralement stipulé que ces 3 paramètres doivent être en place au plus tard à 300ft sol. Si, plus bas, l'un des trois éléments n'est plus respecté, c'est remise de gaz, au plus tard à 100ft. Ensuite, une bonne pratique en très courte finale, disons 5 sec avant l’arrondi, est de retirer la réchauffe carbu, plusieurs incidents ont été répertoriés avec étouffement du moteur lors de remise de gaz avec réchauffe.

Actions correctives :
Briefing structuré du pilote par le responsable pédagogique.

Actions préventives :
Communication (sous forme de briefing oral avec notes écrites) à tous les pilotes de l’aéroclub.
Rappel des risques encourus à l’atterrissage, nouvelle situation sur le terrain avec la création du parc photovoltaïque.
Rappel des principes essentiels de l’atterrissage, nécessité d’appliquer la procédure acquise en instruction.
Entraînement régulier sur type avec instructeur pour tous les pilotes (instructeurs inclus).

un CRESAG à été déposé et le BEA informé ( pas d’enquête ouverte)