Vol local au-dessus de la région de Dzzz (57), connue pour son grand lac abritant un grand nombre d’oiseaux de grande et de moyenne taille. Nous sommes trois à bord, un élève tient les commandes et je lui indique une trajectoire afin d’éviter la ville de Dzzz, tout en lui spécifiant de ne surtout pas descendre en dessous de 2000ft, à cause du risque de rencontre aviaire. Habituellement au printemps, au-dessus des grands lacs de Moselle, nous évitons de descendre en-dessous de 2000ft AMSL, les grands oiseaux restant généralement proche de l’eau. Cependant vers 2400ft, à une vitesse de 100kt, nous avons à peine le temps de voir un oiseau noir de taille moyenne s’esquisser dans le parebrise, puis c’est le choc. Il me semble reconnaître un « Martinet noir », qui percute le milieu du parebrise sans le traverser. Je reprends aussitôt les commandes et ressens une vibration dans la cellule. J’imagine alors que l’hélice a également été touchée. Afin de bénéficier de secours dans l’éventualité où la situation s’envenime, je prends tout d’abord le cap de la base militaire de Phalsbourg, toute proche, en réduisant le régime du moteur. Les militaires, avisés, me proposent spontanément une approche directe et l’assistance de leurs pompiers.J’effectue ensuite un bilan des dégâts : Tout le monde va bien à bord, rien n’a traversé à part un peu de sang et quelques plumes. Des fentes sont apparues sur le parebrise dont une grosse au milieu qui s’ouvre sous l’effet du vent relatif, mais l’ensemble tient bon. Après quelques tests de variation du régime, je ne perçois plus aucune vibration et j’estime que l’hélice n’est pas endommagée. Je choisis donc de rentrer à Syyy, notre base d’attache (également très proche), plutôt que de me poser sur la base militaire. Une fois au sol, je constate qu’effectivement l’hélice n’a rien. La vibration ressentie était provoquée par l’oiseau, qui après avoir rebondi sur le parebrise est venu percuter la dérive, ce qui a fait « résonner » la structure au moment ou je posais mes mains sur les commandes.
Autant une Cigogne est aisément repérable car elle est lente et elle contraste sur tous les fonds, mais un Martinet noir évoluant rapidement en « face à face » ne laisse aucune chance pour l’éviter. Apparemment la prise d’altitude n’est pas non plus une sécurité absolue contre les abordages aviaires. En revanche notre vitesse réduite à 100kt a peut-être permis d’éviter que l’oiseau ne traverse l’habitacle. C’est donc une habitude que je prendrai au-dessus de ces lacs : réduire la vitesse.