Gamme Aérogest : logiciel de gestion pour l'aviation
Collision aviaire durant l'accélération avant décollage
Ref : 4MPQK4BSL56

Dates

Date de déclaration : 29/09/2023
Dernière modification : 29/09/2023
Date de clôture : 29/09/2023

Descriptif de l'évènement

Convoyage d'un DR400 de LFEF à l'atelier de maintenance à Limoges.
A l’alignement piste 28 ,je constate la présence de mouettes vers le milieu de la piste.
Je décide de décoller sachant par expérience qu’ elles s’envolent avant l’arrivée d’un avion.
Malheureusement ce jour là un de ces oiseaux, plus lent à l’envol, entre en collision avec mon appareil juste avant la rotation et percute d’une façon tangentielle le haut de la verrière. Je note qu'il n'y a pas eu de bruit à l'impact et je constate qu'il n'y pas de dégâts apparent , pas de perte de contrôle et que l'appareil fonctionne normalement.
Je poursuis le décollage et ma navigation vers Limoges.
C’est à l’arrivée au parking de ma destination que je constate, en présence du mécanicien de l' atelier de maintenance, les dégâts occasionnés par la collision, principalement des traces d'impact sur le cône d'hélice.
Le risque aviaire est réel sur notre plateforme !
Une procédure "phares allumés" en présence d’oiseaux sur la piste au décollage et atterrissage est recommandée.(renseignements obtenus auprès de notre R.P.).
Par ailleurs j’ai bien retenu qu’après un collision aviaire un retour au sol s'impose pour contrôler l'appareil.
Suite au choc, le cône d'hélice doit être remplacé.

Classification de l'évènement

La déclaration concerne : Sécurité des vols (SV)
Catégorie : Environnement
Nature du vol : VFR Jour
Conditions météo : CAVOK
Environnement : Non Contrôlé (Classe F, G)
Phase de l'évènement : Au roulage
Type de vol : Convoyage
Type d'évènement : Collision aviaire/Péril animalier
Type d’aéronef : DR 400/120
Equipement : Instrumentation classique (aiguille)

Evaluation du risque

Traitement de l'évènement


Au fil du temps, le risque de collision aviaire est de plus en plus important sur nos terrains et en vol notamment par la préservation des espèces animales et l’effort de protection de la biodiversité sur nos plateformes. Celles-ci deviennent un refuge à différentes sortes d’oiseaux qui y trouvent un lieu adéquat au sédentarisme et à la nidification.

Évaluer le contexte aviaire commence dès la préparation du vol.
- Connaissance du terrain (aérodromes côtiers, à proximité de marais, de rivière, de forêt, sur des axes migratoires …). Mais ces informations sont peu accessibles dans le cadre d’une préparation de vol classique.
- La rubrique « Consignes particulières > Dangers à la navigation aérienne » de la carte VAC peut comporter une mention dans le cas d’un risque aviaire permanent et important. C'est le cas de l'aérodrome sur lequel se déroule l'incident (mise à jour en attente de parution).
- Publication par Notam, par exemple en cas de rassemblements en période migratoire.

Une fois dans l’avion, si la préparation du vol a mis en avant un contexte aviaire particulier, le pilote pro-actif doit tenter d’identifier les risques potentiels.
- Recherche visuelle d'oiseaux sur la piste ou aux abords de la trajectoire prévue.
- Prise en compte d'un signalement aviaire par un pilote précédent.
- Sur un terrain contrôlé, demande d’information en temps réel sur la présence de volatiles.

Dans notre cas, le pilote signale avoir repéré un groupe de mouettes vers le milieu de la piste. Une fois cette information acquise, l’attention du pilote doit se porter sur les moyens d’atténuer le risque potentiel de collision avec les volatiles.
- Allumage systématique des phares qui facilite le repérage de l’avion par les oiseaux.
- Rotation si possible avant le regroupement de volatiles afin de survoler avec une marge suffisante les oiseaux au sol qui ne manqueront pas de s’envoler au passage de l’avion.
- A l’atterrissage, en fonction de la longueur de piste, décalage du point de toucher des roues pour les mêmes raisons de sécurité.

Dans tous les cas, ne pas chercher à éviter les oiseaux et privilégier de rester sur une trajectoire rectiligne, plus facile à contrôler d’un point de vue pilotage et plus prévisible pour les volatiles qui éviteront l'avion dans la majorité des cas.

Dans ce REX, le pilote ne peut éviter la collision avec un oiseau de forte taille.
- En phase d’accélération, avant la rotation, envisager l'arrêt décollage. Dans le cas présent, il est probable que la distance restante ne permettait pas de stopper l'avion en toute sécurité (TODA 627m).
- Une fois décollé ou en cas d’impact pendant la montée initiale, vérifier la manœuvrabilité de l’appareil par des effets mesurés sur les commandes, effectuer un tour de piste adapté à la situation, éventuellement à basse hauteur, en limitant la vitesse d’évolution.
- En cas d’impact en finale, stabiliser la trajectoire d’approche et poursuivre normalement l’atterrissage. Eviter la remise de gaz.

Une collision aviaire, quelle que soit la phase durant laquelle elle se déroule, est un événement que le pilote se doit de gérer avec la plus grande attention. Une fois l'effet de surprise passé, le pilote doit revenir rapidement aux fondamentaux du pilotage pour gérer une situation qui peut être dégradée.
- A l’atterrissage ou au décollage, le bris de la verrière est peu probable. En revanche, l'obstruction soudaine du champ visuel par les débris d'oiseaux peut être très gênante. Décaler son champ visuel de la partie polluée de la verrière peut nécessiter plusieurs secondes et le changement de posture dans son siège peut avoir un impact sur la perception de l'assiette.
- Un impact sur le pitot peut générer une perte partielle ou totale de badin. Se fier aux pré-affichages (assiette et puissance) ainsi qu’à la vitesse sol fournie par le GPS de l’avion (si équipé) car l'avertisseur de décrochage peut être également altéré.
- Il suffit de la collision avec un oiseau de petite taille pour obstruer l’admission d’air et entraîner une perte de puissance partielle ou totale. Tous nos avions sont équipés d'une arrivée d'air de secours. Sur nos moteurs à carburateur, c’est la réchauffage carbu’ qui assure cette fonction.
- En cas de dommage visuel sur un bord d'attaque, maintenir le contrôle de l'avion avant toute autre action en agissant conjointement sur la direction pour récupérer la symétrie du vol, sur les ailerons pour ramener les ailes à plat, sur la profondeur pour empêcher l'enfoncement de trajectoire, sur la puissance pour contrer la traînée supplémentaire.

Une fois au sol :
- Interdire l’avion de vol.
- Prévenir l'encadrement du club pour un inspection mécanique et structure.
- Rédiger un compte-rendu, obligatoire dans pareil type d’évènement.

En conclusion, sur l’évènement :
- L'usage des phares aurait peut-être permis un repérage plus tôt de l'avion par les oiseaux.
- L’équipage a bien géré la situation en évaluant rapidement les capacités de l’avion à voler.
- Un retour immédiat au terrain pour vérification de l’intégrité de l’appareil aurait été judicieux.

Actions correctives :
- Appareil arrêté, cône de l'hélice à remplacer (fissure apparente).
- Dépôt d'un CRESAG.
- Déclaration de l'événement au STAC.
- Débrief pilotes.

Actions préventives :
- Pour les membres de l'aéroclub, rappel des procédures à tenir en cas de choc aviaire sur le prochain bulletin d'information Sécurité avec notamment l'allumage systématique des phares pendant les phases de roulage, de décollage et à l'atterrissage.

Documents associés