L'évènement se produit lors d'un vol d'instruction en vue d'un "lâché machine" sur BRISTEL B23 équipé d'un moteur ROTAX (deuxième séance de familiarisation, suivant le déroulé pédagogique mise en place au sein du DTO).
Le pilote en formation a 28 ans, anciennement formé PPL à l'aéroclub et détenteur d'une licence ATPL avec environ 3500 hdv sur A320.
A l'issue de la séance d'instruction le pilote en formation procède à une intégration piste 20 principale en respectant les préconisations de pré-affichages des paramètres de pression d'admission, de régime hélice, de vitesse et de configuration.
Une fois établi en finale piste 20 principale, à une hauteur sol d'environ 300ft, le moteur ne délivre soudain plus de puissance tandis que des vibrations anormales se déclenchent dans le compartiment moteur, se propageant à l'habitacle. Le pilote en formation avance la manette Trottle vers l'avant sans effet. La baisse de régime du moteur fait immédiatement perdre de la vitesse. Le pilote en formation "rend la main" afin de maintenir une vitesse proche de 1.3 de la configuration et éviter le décrochage de l'appareil. A cet instant il apparait clairement que la finesse du Bristel B23 ne nous permettra pas d'atteindre le seuil de piste. De mon côté je repousse la commande de réchauffage du carburateur sur la position "froid", dans l'hypothèse où celle-ci serait à l'origine du dysfonctionnement de la carburation et j'envisage l'atterrissage d'urgence dans une zone peu favorable. Après quelques secondes le moteur retrouve sa puissance sans action particulière de notre part et permet de franchir le seuil de piste, d'atterrir et de regagner le parking sans autre manifestation de changement de régime moteur. Je décide d'arrêter l'avion et je signale immédiatement l'incident au président de l'aéroclub, lequel confie l'avion au prestataire mécanique de l'aéroclub pour examen et analyse de l'origine de cette perte de puissance.

La réaction immédiate et appropriée du pilote en formation ne m'a pas amené à reprendre les commandes lors de l'incident. En effet son niveau élevé d'entrainement lui a permis de mettre en oeuvre la procédure adaptée dans le cas de la perte de puissance moteur, à savoir le maintien de la vitesse minimum de plané.
La rapidité des évènements et la proximité du sol ne nous a pas laissé de temps disponible pour émettre un message de détresse initial sur la fréquence radio.
La perte puis la reprise de puissance durant cet incident sont intervenus sans signes précurseurs et sans causes identifiables.
Dans le cas où la perte de puissance s'était maintenue quelques secondes de plus, le crash était inévitable, avec des conséquences matérielles certaines et physiques probables compte tenu de la zone de crash disponible.

La perte de puissance en finale est un incident critique car, établi sur un plan conventionnel de 5% (pente de 3°), les performances de plané seules ne permettent pas d'atteindre le seuil de piste en configuration atterrissage.
Les actions effectuées par le pilote en formation (maintien de la vitesse par changement d'assiette à piquer) a permis maintenir le contrôle de l'appareil et éviter le décrochage.
Il est à noter que, durant la formation initiale, les exercices de panne moteur sont principalement réalisés en montée initiale (phase durant laquelle le groupe motopropulseur est très sollicité), et non en finale (phase durant laquelle le moteur est peu sollicité).

Actions correctives : Contrôle et changement des carburateurs concernés

Actions préventives : L'exploitant procède à un échange d'informations pertinentes avec le constructeur BRISTELL afin d'analyser les causes responsables de la détérioration prématurée des flotteurs des carburateurs du moteur ROTAX après 320 heures d'utilisation.