Contexte de l'aérodrome: une des deux pistes est fermée, l'autre est ouverte avec restrictions depuis le vendredi. Les NOTAM courent jusqu'au lundi et il n'est pas prévu d'inspection de piste avant le lundi matin, comme habituellement. Il n'a pas plu samedi. Il pleut cependant légèrement depuis l'aube du dimanche.

Le dimanche matin l'élève et son instructeur prévoient une séance d'entraînement à l'atterrissage de précaution. Malgré une faible pluie, la visibilité et le plafond sont excellents au dessus de l'aérodrome. Le METAR de Toussus, terrain le plus proche, indique:

LFPN 170730Z AUTO 16006KT 9999 -RA FEW042 OVC058 10/10 Q1020 NOSIG=

Le bloc départ est réalisé à 7h40z, 20 minutes avant l'ouverture des service ATS. Après 30 minutes de vol, les conditions se dégradent et ils décident de rentrer. A l'écoute de l'ATIS A, ils apprennent que les deux pistes sont fermées. Le contrôleur sollicite une dérogation auprès de l'exploitant (Paris Aéroport), qui est refusée. Ils déroutent alors sur Toussus-le-Noble. Le déroutement s'effectue sans souci mais dans des conditions météo se dégradant fortement avec plusieurs avions faisant demi-tour pour revenir se poser. Le METAR indique au moment du posé:

LFPN 170900Z AUTO 17007KT 9999 FEW006/// BKN028/// BKN038/// ///TCU 11/11 Q1019 BECMG FEW040=

L'équipage estime les conditions à l'approche de terrain plus proches de 5km de visibilité, SCT006 avec des averses.

Concernant la fermeture des pistes:

Rien dans l'information aéronautique (NOTAM, message ATIS hors ATS) ne permettait à l'équipage d'anticiper la fermeture des deux pistes. L'absence de pluie la veille et la faible pluie du matin ne permettaient pas non plus d'envisager une forte probabilité de fermeture. Après contact le jour même avec l'astreinte de l'exploitant, il s'avère que le contrôleur en poste, inquiété par l'état de la piste, a sollicité l'exploitant qui a ensuite fermé les pistes. Le refus de permettre à l'avion de revenir se poser est alors motivé par la sécurité, la piste étant jugée dangereuse. L'exploitant souhaite se couvrir des conséquences (poursuites) en cas d'accident à l'atterrissage.

Cette décision de ne pas accorder de dérogation pour le retour des aéronefs en vol en cas de fermeture soudaine est hautement contestable:

- D'une part le pilote instructeur est plus à même de juger de l'état de la piste que l'exploitant ou le contrôleur en poste. Le risque à l'atterrissage est particulièrement faible, le décollage étant bien plus impacté par l'état de la piste.
- D'autre part, le risque d'accident en déroutement par un pilote potentiellement peu expérimenté, dans des conditions qui se dégradent rapidement, est bien plus important.

A noter que le contrôleur en poste ne peut outre passer la décision de l'exploitant, à moins que le pilote ne se déclare en urgence ou détresse, ce qu'il peut et doit faire si il considère qu'il ne peut dérouter en sécurité.


Concernant la dégradation météo:

Le METAR de Toussus-le-Noble de 7h30z indique une température et un point de rosée tous deux à 10°C. L'atmosphère est alors saturée en humidité. Toute baisse de température, ou apport d'humidité supplémentaire (pluie) résultera dans la formation de brouillard ou de nuages bas. La dégradation météo était donc prévisible.

La bonne météo à la verticale et aux abords immédiats des aérodromes peut inciter à décoller. Hors il est très fréquent, voire systématique dans ces conditions, que la météo soit dégradée aux abords de Saint-Cyr-l'Ecole et Toussus-le-Noble, en raison entre autres des nombreuses forêts dont la forêt de Rambouillet.

Actions correctives : Débriefing équipage.

Actions préventives : Echanges demandés avec l'exploitant pour éviter que cette situation viennent à se reproduire.