Intrusion TMA sans clairance par erreur de calage altimetre
Ref : 3RLMMHJRLYF
Dates
Date de déclaration : 05/05/2024
Dernière modification : 06/05/2024
Date de clôture :
06/05/2024
Descriptif de l'évènement
Objectif du vol : Emmener mes passager prendre des photos du Pont du Gard, de redescendre par la vallée du Rhône jusqu’à Arles puis de retourner vers LFNE via les Baux-de-Provence.
Événement : J’ai préparé ma navigation 5 jours avant le vol, incluant toutes les informations nécessaires (distances, cap, altitudes, gestion carburant, masse et centrage) et, consciente des nombreuses zones traversées, j’ai inscrit en face de chaque point les fréquences à appeler. Ce matin-là, prise des informations concernant les conditions du jour : météo / AZBA / NOTAM. Aucune AZBA n’est active. La météo annonce un léger vent de travers au décollage et 35kts de vent en route dans la vallée du Rhône. Malgré ce fort vent annoncé, je pars très sereine, sous-estimant la puissance des turbulences que nous serons amenés à rencontrer. C’est le premier vol de l'appareil de la journée. Tout se déroule normalement. J’effectue ma pré-vol : aucun souci particulier à relever sur l’avion et aucune contre-indication particulière pour partir. J’installe mes passagers puis je déroule mes check-lists avant démarrage. J’arrive à la vérification de l’altimètre, point sur lequel je n’ai pas porté assez d’attention et qui constituera l’une de mes plus grosses erreurs. A ce moment-là, je pense régler l’altimètre au QFE du terrain, soit 246ft. Je ne me suis rendue compte que mon réglage était mauvais qu’à la fin du vol : tout le vol se déroulera 1000ft au-dessus des altitudes de vol que j’avais prévues lors de la préparation de ma navigation. Nous décollons sous un vent constant légèrement de travers et partons tout droit vers EG, notre premier point de report, où nous quittons la fréquence pour passer d’abord avec Salon Approche, vérifiant ainsi s’ils sont actifs. Ce n’est pas le cas, je passe donc avec Provence INFO 132.300, ma première fréquence de clairance. Je me renseigne sur l’activité des zones réglementées et notamment de Camargues Contrôle. Les zones que je compte traverser (en particulier la Zone R108 A F2) sont inactives. Ma prochaine fréquence est celle d’Avignon TWR (122.600), que je contacte au passage du point CV (Cavaillon). Je m’annonce avec une altitude de 1500ft affichée sur l’altimètre (j’étais donc réellement à une altitude de 2500ft). Je demande une autorisation de transit d’Est en Ouest de la CTR jusqu’à SW puis de remonter par W. Le contrôleur ne me reprend pas sur l’altitude et m’autorise à traverser la zone sans aucun problème et de les rappeler à SW pour quitter. Il me donne un code transpondeur, que j’affiche. Passé SW à l’Ouest de la CTR, je rappelle Avignon TWR et leur demande de quitter la fréquence. Cap ensuite vers le point W, Rm 337°, afin de permettre à mes passagers de profiter de la vue d’Avignon sur le travers droit un peu plus longtemps. A l’approche de la Vallée du Rhône, entre SW et W, le vent se renforce et commence à me mettre à rude épreuve. Anxieuse, je me concentre sur mon pilotage afin d’éviter à mes passagers de tomber malade et de garder le contrôle de l’avion du mieux que je peux. Le vent se renforce encore et le stress monte. J’avais rarement été confrontée à des turbulences de cette envergure. C’est à ce moment-là que j’ai perdu le fil de ma navigation. L’anxiété liée aux turbulences prend le dessus et je tente d'appeler Provence INFO plusieurs fois sans succès, au lieu d’appeler Montpellier (fréquence 125.650 que j’avais bel et bien notée dans mon log de navigation). A partir du point W, j’avais prévue de maintenir une altitude de 1500ft afin de permettre à mes passagers de faire de belles photos et d’être assez haute pour éviter l’interférence avec la zone R8. En réalité à cet instant au point W, je suis persuadée d’être à l’altitude prévue de 1500ft, je pense donc être en Zone de Classe E (renseignée entre SFC et 2000ft AMSL sur la carte OACI). J’en conclus donc qu’il est inutile d’insister pour appeler la fréquence, étant donné qu’en Classe E, la réglementation ne m’impose pas de contact radio. Mon objectif suivant est de reprendre un cap vers le sud afin longer le Rhône jusqu’à Beaucaire pour profiter de la vue puis de remonter cap Nord pour rejoindre le Pont du Gard. Par la suite j’avais prévu de longer le Gardon jusqu’à SN (ville de Sanilhac-Sagriès) puis de faire un demi-tour par la droite et repasser par le Pont du Gard avant de descendre vers Arles. Les événements qui ont suivi se sont déroulés d’une toute autre manière. Au-dessus du Pont du Gard, je longe le Gardon jusqu’au point SN, comme prévu. Arrivée au point SN, perturbée par la force du vent et l’intensité des turbulences, je préfère tenter un demi-tour par la gauche, sans prendre conscience de ma proximité avec la CTR de Nîmes. Je n’ose pas effectuer de virage à forte inclinaison pour réaliser ce demi-tour par la gauche. J’effectue donc un virage à très faible inclinaison avec un rayon élevé, ne me permettant pas d’éviter la CTR de Nîmes. A ce moment précis, je n’ai pas conscience d’avoir pénétré la CTR de Nîmes. Je rassure mes passagers quant aux turbulences, tentant, par la même occasion, de me rassurer moi-même. J’aperçois une ville sur mon travers gauche (il s’agissait de la ville de Poulx), je décide donc de la contourner avant de prendre un cap vers Beaucaire puis de redescendre vers Arles. Je pense toujours être à une altitude de 1500ft. Je passe avec la fréquence de Provence INFO 132.950 que je n’arrive pas à joindre. Je les entends mais je n’ai pas de retour de leur part. Je poursuis le vol sans clairance. A la sortie de la vallée du Rhône, le vent faiblit, la pression redescend et j’en profite donc pour faire le passage que j’avais prévu au-dessus des Baux-de-Provence après quoi je prends mon dernier cap vers LFNE. Enfin, je passe avec la fréquence de LFNE (119.575) en vue du terrain. A LFNE, le tour de piste est chargé à mon arrivée sur la verticale, je décide donc de me mettre en attente en effectuant deux 360° à l’Est du terrain, pensant être à l’altitude réglementaire de verticale du terrain d’Eyguières, 1500ft. J’étais encore à 2500ft. C’est en m’intégrant en circuit de piste 33 que je me suis rendue compte de l’erreur de 1000ft liée à mon mauvais réglage de l’altimètre. Je fais une étape de vent traversier plus longue afin de perdre de l’altitude et d’atteindre les 900ft du tour de piste. J’effectue une étape de vent arrière éloignée main gauche puis mon tour de piste se termine avec un atterrissage sans encombre avec un peu de vent de travers.
Voici les causes principales que j’ai pu identifier en rédigeant ce REX, à l’origine de mon intrusion dans la CTR de Nîmes, sans contact préalable : - Mauvais réglage de l’altimètre. Erreur de 1000ft dont je n’ai pas su me rendre compte au cours du vol, malgré le QNH renseigné par les contrôleurs - Perte de concentration jusqu’à tunnellisation due aux fortes turbulences dans la vallée du Rhône. Mauvaise gestion du stress - Mauvaise prise de décision quant au virage effectué vers la gauche au point SN. Un virage vers la droite m’aurait permis d’éviter la CTR de Nîmes. - Bonne préparation préalable des fréquences lors de l’élaboration de la navigation mais manque de remémoration, le jour du vol, des fréquences radio et des zones rencontrées - Sous-estimation avant le vol, de la force du vent dans la vallée du Rhône - Absence de décision d’avorter le vol malgré la prise de risque et le stress
Classification de l'évènement
La déclaration concerne :
Sécurité des vols (SV)
Catégorie :
Facteurs Humains
Nature du vol :
VFR Jour
Conditions météo :
CAVOK, Vent en route du 020° pour 35 kts
Environnement :
Contrôlé (Classe A, B, C, D, E)
Phase de l'évènement :
En route
Type de vol :
Solo pilote
Type d'évènement :
Procédures vol
Type d’aéronef :
DA-40 TDI
Equipement :
Instrumentation mixte (aiguille + GPS par exemple)
Evaluation du risque
Traitement de l'évènement
Par suite d'une erreur de calage initiale de 1000 pieds, le pilote se retrouve, dans une TMA, sans en avoir conscience et sans l'avoir prévu dans sa préparation de vol, et donc sans contacter le controle. Des conditions meteo turbulentes lui font ignorer plusieurs indices qui auraient dû l'alerter sur cette erreur d"altitude.
Actions correctives : Analyse détaillée, par le pilote et son instructeur, du déroulé des évènements et de leurs causes
Actions préventives : * Le pilote ne peut voler qu’avec instructeur à bord jusqu’à un réentrainement plus complet avec un autre instructeur. *Relance des formations club "espaces règlementés" * Préparation d'un briefing sécurité écrit, grâce auquel chaque pilote de l'aéroclub garantit avoir pris connaissance de règles de sécurité de base, et des spécificités locales