Résumé : Vol initialement prévu sur Belledonne modifié sans réelle préparation suite à l’impossibilité de Lyon info de fournir l’information sur l’inactivité des zones R221 et R222 (Marseille info étant inopérant), avec une focalisation vers le nouvel objectif de survoler le glacier de Rochemelon (Haute Maurienne), conduisant, faute de vérification GPS, à pénétrer la frontière italienne sans plan de vol, et à rester un peu plus de 30 minutes au-dessus de 10.000ft.
Au départ, j’ai réservé l'avion pour un vol préparé sur Belledonne et Bauges (site du SIA avec Sofia Briefing + Skydaemon). À l’arrivée au club, l'avion est au fond du hangar, derrière deux autres avions et un dernier qui vient de rentrer. Son pilote me suggère de le prendre à la place. Je fais la modification de réservation en conséquence. Le pilote revenait des Aiguilles d’Arves avec un instructeur, du coup, cela me donne une idée de vol sur Belledonne. Au-dessus du Grésivaudan, je demande à Lyon info si les zones R221 et R222 sont inactives. Lyon répond qu’ils ne savent pas et qu’ils demandent d’habitude l’information à Marseille info, mais celui-ci est inopérant. Je réponds donc que je vais éviter les zones, même si le fait qu’un instructeur soit passé juste avant aux Aiguilles d’Arves laisse penser qu’il avait l’information d’inactivation. À tout hasard, j’essaie Marseille info, et effectivement un répondeur renvoie sur 121.5. Donc, je laisse tomber, tout en continuant à longer les zones R222 et R221. Hésitant à rentrer directement, je vois le pic de Rochemelon au pied duquel j’ai eu l’occasion de travailler de 2003 à 2004 sur le glacier, du coup, je pense faire l’aller-retour pour voir l’état du glacier, ce qui devrait me faire environ une heure de vol au total, comme envisagé au départ.
À partir de ce moment-là, je n’ai plus pensé qu’à cet objectif.
À l’arrivée, la BGTA m’attendait. J’ai pensé que c’était pour un contrôle de routine et je n’ai compris qu’en les écoutant les erreurs commises… À juste titre, l’un des gendarmes a bien résumé la situation : défaut de préparation, avec des conséquences pouvant être très graves. Je suis un peu consterné par mes manquements, malheureusement le mal est fait…
J'étais focalisé sur mon objectif d'aller voir ce glacier, alors que : 1/ je n’aurais même pas dû l’envisager du fait de n’avoir pas préparé la navigation jusque-là. 2/ j’aurais dû continuer à regarder ma tablette sur laquelle j’aurais vu que je risquais de franchir la frontière, alors même que j’avais été interpelé par le cas de l’accident d’un avion français sans plan de vol avec un hélicoptère italien il y a quelques années ! 3/ j’aurais dû me soucier de mon altitude de vol et du temps passé au-dessus de 10 000 ft…. (au vu du log sur Skydaemon, sur 1 h 08 de vol, je serais resté 34 minutes au-dessus de 10 000 ft).
L'erreur est d'autant plus incompréhensible que, malgré l’improvisation regrettable, je disposais des éléments (GPS…) et d'une expérience suffisante pour l'éviter (lors de vols Mont Blanc, je fais toujours très attention aux frontières suisse et italienne...). Je ne comprends donc pas que j’ai pu me laisser aller dans une telle erreur, sachant les conséquences qu’elle peut impliquer.
Classification de l'évènement
La déclaration concerne :
Sécurité des vols (SV)
Catégorie :
Facteurs Humains
Nature du vol :
VFR Jour
Conditions météo :
CAVOK
Environnement :
Non Contrôlé (Classe F, G)
Phase de l'évènement :
En route
Type de vol :
Solo pilote
Type d'évènement :
Infraction RCA
Type d’aéronef :
DR 400/160
Equipement :
Instrumentation mixte (aiguille + GPS par exemple)
Evaluation du risque
Traitement de l'évènement
Le pilote est un pilote sérieux, très habitué à faire de bonnes préparations de vol. Il s'est mis dans une situation d'improvisation à laquelle il n'est pas habitué, et a cumulé deux erreurs : - passage de frontière sans plan de vol - vol au-dessus de 10 000 ft pendant plus de 30 minutes
On voit dans son récit la démarche intellectuelle qui l'a amené à changer son plan initial. C'est quelque chose qui peut arriver dans le contexte d'un club (partage des avions), et qui doit attirer notre attention sur l'importance de la gestion des changements de dernière minute. Comme pour une visite prévol, un changement d'intention sur une navigation devrait nous amener à en reprendre la préparation depuis le début.
De plus, règlementairement et pour des raisons de sécurité évidentes (hypoxie), on ne doit pas rester au-dessus de 10 000 ft plus de 30 minutes sans oxygène. Au-delà de cet aspect règlementaire, on peut s'interroger si le manque d'oxygène n'a pas pu affecter la prise de conscience du pilote lorsqu'il était en limite de la frontière (qui se voyait bien sûr ses outils électroniques - il utilisait Skydaemon).
Actions correctives : - Debriefing du pilote - CRESAG
Actions préventives : - Communication au sein du club pour : - rappeler l'intérêt de la bonne préparation d'un vol, même lorsqu'on pense bien connaître le secteur, - attirer l'attention sur le "sentiment de liberté" qu'on peut avoir en montagne et qui peut conduire à s'affranchir du respect des limites (altitude, franchissement de frontière...) - rappeler la réglementation et les bonnes pratiques pour les survols au-dessus de 10 000 ft