Je suis FI sur un vol de relâcher P2002 après interruption de vol. Tout se passe normalement pour les phases de mise en route, roulage, essais moteur et alignement. Nous décollons en piste 31, qui est enclavée en ville, avec une ouverture au cap 330 en fin de bande.
Le décollage et les paramètres sont normaux (2100T mini), le pilote aux commandes effectue une montée initiale en pente maximale 60Kt, dès lors qu'il est "clair" au-dessus du niveau des obstacles, je lui demande d'afficher la vitesse taux optimal 70Kt. Derrière nous, une autre machine s'aligne sur la piste 31 et attend.
En bout de bande comme précisé sur la VAC, il ouvre au cap 330, aussitôt le moteur se met à vibrer très fortement et la puissance descend de 2200 à 1750-1800 T/min.
A ce moment là, nous sommes à 70Kt et environ 150-200 pieds/sol, je lui dis "A moi les commandes".
Je prends la direction d'une vent arrière très rapprochée sous 2AP, réchauffe carbu tirée (perte de 50 t supplémentaires) avec l'avion en palier vitesse stable 70Kt avec toujours autant de vibrations. La 2e machine est toujours alignée sur la piste, je lui demande s'il compte décoller ou s'il va dégager la piste.
La pompe On, volets position T/O et Phare ON, car les actions après décollage n'ont pas été faites compte tenu de la hauteur lors de la survenue de la panne.

Dans le laps de temps, je n'ai jamais annoncé de PAN PAN. Après une quinzaine de secondes je lui demande de dégager la piste, mais comme il est prêt il décolle.
Travers le seuil 31, je réduis totalement les gaz et les vibrations stoppent immédiatement. Je poursuis l'atterrissage moteur réduit en PTU, l'atterrissage, le roulage et le dégagement de piste se passent normalement.
Piste dégagée, je fais des essais de point fixe plein gaz, les vibrations reviennent après 5 secondes environ manette des gaz plein avant, je réduis à nouveau plein arrière, les vibrations stoppent immédiatement. Je refais une mise en puissance, les vibrations ne reviennent à nouveau qu'après quelques secondes en position plein gaz.
Nous retournons au parking.

Depuis que je vole sur ce terrain (2012), l'enclavement de la ville et la diminution voire la disparition graduelle et totale des dernières aires dégagées dans la zone industrielle attenante peuvent être des contraintes fortes lors des pannes majeures mais aussi dans le cas de certaines pannes mineures.

Les options sont en général assez minces, car la faible hauteur sol ne permet pas de rejoindre les premiers espaces dégagés en début de montée initiale 31, ils commencent à être accessibles aux environs de 400-500 pieds/sol.

1- Le demi-tour est clairement la plus mauvaise option, car depuis toujours on m'a enseigné de ne pas tenter de demi-tour sous 1000 pieds/sol minimum (facteur de charge élevé lors des grandes inclinaisons qui peuvent être prises dans cette manoeuvre délicate et un risque de décrochage fort probable)
2- rejoindre par la droite vers le Nord approximativement les premières aires dégagées; mais trop lointaines dans la configuration hauteur de notre panne,
3- rejoindre une vent arrière rapprochée sous 2Angle Plané pour faire une PTU
4- éventuellement se poser dans les rues attenantes, l'impact avec une voiture sera toujours moins violent que face à des bâtiments qui ne se déformeront pas

Ce cas de figure est traitre car on connait tous la panne majeure qui demande une application rapide et efficace des actions, on connait les pannes mineures avec un circuit adapté à la panne et aux performances qui s'en trouvent probablement affectées.
Mais la panne perte de puissance qui permet le vol palier associées à d'intenses vibrations laissant craindre la perte totale du moteur ne me semble pas être une panne ni majeure ni mineure, surtout à une hauteur de vol si basse et en environnement urbain dense.

Cela mérite de plus amples réflexions entre instructeurs du club, puis de faire une sensibilisation approfondie aux membres dès que possible

Heureusement, ce vol était sous le contrôle de notre chef pilote qui a su géré la situation avec sang froid.
Le décollage reste une phase très sensible avec en cas de panne moteur des risques élevés d'accident grave.

Actions correctives : publication REX - recherche de la cause de cet incident grave

Actions préventives : communication large entre instructeurs des bonnes pratiques