Comme chaque week-end, notre aéroport est en auto-information. La piste en service est la 17, avec les contraintes liées au positionnement des taxiways sur la partie sud du terrain : depuis le point D (le plus au nord) il faut prévoir environ 1 km de remontée de piste avant décollage. Et le point D étant très sollicité par les avions voulant décoller, de nombreuses libérations de piste se font par B, 400 mètres plus au sud encore. Dans ce contexte où plusieurs avions de club effectuent cet après-midi des vols locaux, d’instruction ou d’entrainement, une société privée de sauts en parachutes multiplie les rotations en Pilatus. Tandis que je roule au point d’attente avec deux passagers, je relève un DR400 en courte finale, suivi de très près (moins de 30 secondes) par le Pilatus. Je maintiens position avant de m’engager en D afin de permettre au DR400 de dégager le plus rapidement. Mais le Pilatus est trop proche, et effectue au dernier moment une remise des gaz qui le fait passer non seulement quelques mètres au-dessus du DR400, mais aussi et surtout quelques mètres au-dessous d’un parachute en tandem qui se préparait à atterrir en bordure de la piste !! Le Pilatus s’engage dans un circuit basse hauteur (non justifié si on s’en réfère à la VAC) qui lui permet de rejoindre rapidement la finale, à nouveau en n°2 derrière un PA28 en finale 17. Cette fois ci l’espacement suffit au Pilatus à se maintenir à vitesse minimale et à profiter de ses qualités STOL pour se poser entre les sorties D et B. De retour de mon vol local une demi-heure plus tard, je m’annonce en approche du circuit de l’aéroport lorsque le Pilatus signale le largage des paras dans 1 minute et me demande de ne pas passer verticale terrain. Je procède donc immédiatement en vent arrière 17 et maintiens une allure supérieure à l’habitude. Les parachutistes sont largués alors que je viens d’entrer en base, laquelle est rapprochée du terrain en vue d’un toucher plus proche des points de sortie. En finale, j’identifie trois avions en attente à D pour décoller et j’annonce par conséquent que je prévoirai la sortie en B. Le Pilatus se déclare déjà en base 17 ! Je touche long et laisse décélérer sans les freins. Le pilote du Pilatus se signale en vitesse minimale et me réclame d’expédier le taxi. Tout en maintenant mes paramètres, je réponds que je libèrerai par B dans les 10 secondes. Le Pilatus touche à peu près au moment où j'atteins le point B.
Le pilote du Pilatus fait preuve d’un comportement agressif et irresponsable. Sa remise des gaz et son acharnement à mettre la pression sur les avions en finale ou au roulage est déplacée – surtout en présence de quelques pilotes dont l'expérience de vol est encore limitée : c’est le meilleur moyen de provoquer des approches non stabilisées ou des sorties de piste dues à un roulage trop rapide.
Classification de l'évènement
La déclaration concerne :
Sécurité des vols (SV)
Catégorie :
Facteurs Humains
Nature du vol :
VFR Jour
Conditions météo :
CAVOK
Environnement :
Non Contrôlé (Classe F, G)
Phase de l'évènement :
A l'atterrissage
Type de vol :
Local
Type d'évènement :
Incursion sur piste
Type d’aéronef :
DR 400/120
Equipement :
Non défini
Evaluation du risque
Traitement de l'évènement
La cohabitation entre l'activité professionnelle occasionnelle (parachutistes) et l'activité basée de loisir (aéroclub) est difficile sur un terrain non contrôlé. Il a été défini que le Pilatus face un circuit d'intégration spécifique, mais les pilotes de cette société externe n'en ont peut être pas connaissance.
La compétence communication dans cette situation reste primordiale. Le pilote du Pilatus doit pouvoir s'adapter en observant les règles de priorité afin de garantir la sécurité.
Actions correctives :
Actions préventives : Il est envisagé de se rapprocher le l'équipe opérationnelle de la société de parachutisme pour redéfinir les règles de cohabitation.