Le pilote avec trois personnes avait prévu quelques jours avant les faits, d’effectuer au départ de Brest un vol vers Ouessant. Un ami du pilote titulaire du Brevet de base était heureux d’effectuer pour une première fois un vol en place copilote sur DA40NG. Le pilote et le copilote avaient invité deux amies pour aller passer la journée à Ouessant. Le jour du vol les conditions météo ne sont pas très bonnes, et le pilote est pessimiste sur la possibilité de réaliser le vol. Les quatre amis partent tout de même vers le terrain pour décider sur place ce qu’ils pourront faire, soit la navigation prévue ou un vol local. La météo étant toujours mauvaise, il pleuvait beaucoup, ils annulent sur les conseils d’un instructeur présent leur projet de vol vers Ouessant et même un éventuel vol local. Cependant le pilote effectue tout de même la pré-vol de l’avion en attendant une éventuelle éclaircie pour voler un peu, au moins en tour de piste pour faire plaisir à ses passagères. Une éclaircie arrive, mais le temps que l’équipage s’installe dans l’avion et le fasse chauffer, la météo se dégrade de nouveau au vent du terrain. Aligné sur la piste le contrôleur donne une nouvelle fois les conditions météo, et le pilote décolle tout de même, espérant pouvoir au moins faire un tour avant l’arrivée de la pluie. En montée initiale le pilote regrette vite d’avoir décollé. Le mauvais temps arrive d’un coup, la visibilité diminue, et les rafales de vent secouent l’avion violemment. Le pilote se reporte immédiatement en vent arrière et à faible hauteur. Il prolonge un peu la vent arrière de façon à se ménager une longue finale pour stabiliser son avion sur l’axe de la piste. Il majore sa vitesse pour s’assurer une marge de sécurité, soit 85 kt au lieu des 75 kt sans vent. En finale le contrôleur annonce un vent de face à 25 kt avec des rafales à 30 kt. Le pilote pose l’avion sans contact brutal, et rentre immédiatement les volets pour éviter tout risque de redécollage sous rafale. Le pilote s’est fait peur. Le copilote a géré la radio et a rassuré les deux passagères en places arrière de façon a éviter un déclenchement de panique dues aux violentes secousses de l’avion.
Analyse de l’évènement : Le pilote s’est fait piéger par l’objectif vol. Le fait d’avoir programmé un vol de longue date avec des passagères à qui il avait dit qu’ils allaient passer une journée à Ouessant, sans suffisamment insister sur la possibilité d’annuler selon météo, fut le piège dans lequel il s’est enfermé. Au vu de l’étude de la météo la bonne réaction aurait été de tout annuler sans aller au terrain. Là il a pris l’option d’aller voir la situation au terrain avec ses passagères, et dans ce cas c’est encore plus dur de leur dire NON, on ne volera pas, lorsque l’on est au pied de l’avion. Pour leur faire plaisir il s’est rabattu sur au moins un tour de piste de façon à les faire voler. Pour une passagère c’était son premier vol. A aucun moment il n’a entendu la petite voix qui lui murmurait que les conditions météo ne permettaient aucun vol. Il était dans un schéma mental de voler coûte que coute pour faire plaisir à ses passagères. Il est clair que c’est la présence de ses passagers qui a enfermé le pilote dans son objectif vol. Seul, il aurait surement annulé son vol.
Rappel et recommandation de l’aéroclub Lorsque vous programmez un vol avec des passagers, insistez vraiment sur le fait que votre projet dépendra des conditions météo du moment, et qu’en Bretagne surtout l’hiver, vous avez toutes les chances pour cela ne se fasse pas. Ainsi vous aurez plus de facilités à annuler votre vol, et vos passagers comprendront d’autant mieux qu’ils auront été prévenus clairement. Annuler le vol de chez vous après analyse du dossier météo, ainsi vous ne serez pas tenté une fois au terrain par le classique « ça va peut être le faire… ». Même si vous avez une petite éclaircie de quelques minutes, n’oubliez jamais qu’il vaut mieux être au sol et regretter d’avoir annuler le vol, que d’être en l’air et regretter de ne pas être au sol, comme dans le cas présent. Rappelez-vous que vous faite avant tout de l’aviation de loisir, et ce qualificatif a toute son importance. Vous devez vous faire plaisir par des vols dans de bonnes conditions, quitte à remettre à plus tard ce que vous aviez prévu. Voler dans du mauvais temps, en plus d’être dangereux, ne procure aucun plaisir. Nous pouvons assurément penser que les passagères ne gardent pas un très bon souvenir de leur expérience. Donc l’objectif de voler pour leur faire plaisir a été totalement loupé. L’aviation c’est l’école de la patience, notion que nous avons bien souvent oubliée dans nos modes de vie. Sachez refuser l’obstacle et remettre à plus tard. Voler à Brest demande encore plus de prudence car étant à l’extrême ouest de l’Europe, nous ne pouvons bénéficier de l’observation météo de stations à l’avant du mauvais temps arrivant de la mer à l’ouest. En mer nous n’avons que la portée des radars et les satellites. Notre terrain est aussi soumis aux entrées maritimes qui peuvent être soudaines l’hiver. Soyez encore plus vigilant sur l’analyse météo et prenez une bonne marge de sécurité en n’allant pas voler avec des conditions trop marginales
On dit qu’il y a des vieux pilotes, et qu’il y a des pilotes téméraires, mais qu’il n’y a pas de vieux pilotes téméraires…… A méditer !
Classification de l'évènement
La déclaration concerne :
Sécurité des vols (SV)
Catégorie :
Facteurs Humains
Nature du vol :
VFR Jour
Conditions météo :
Environnement :
Contrôlé (Classe A, B, C, D, E)
Phase de l'évènement :
En tour de piste
Type de vol :
Local
Type d'évènement :
Météo: Problème
Type d’aéronef :
DA-40 NG
Equipement :
Instrumentation mixte (aiguille + GPS par exemple)
Evaluation du risque
Traitement de l'évènement
Actions correctives : Analyse des circonstances avec le pilote.