En vol d’instruction, nous nous rendons en DR400-160cv sur le terrain LFXX, 800ft d'altitude, piste en herbe de 750m. Nous sommes donc 2 à bord, avec les pleins pratiquement complets, masse à l’atterrissage de 920kg pour une masse max autorisée de 1050kg. La température est d’environ 18 degrés. Atterrissage sans encombres, notant toutefois un ralentissement net de la vitesse au touché, indication d’un sol sans doute un peu « gras ».

Nous avions estimé, en extrapolant les performances décollage disponibles dans le livret d’aéronef, une distance de roulage au décollage de 290m sur piste en herbe sèche, une marge considérée comme confortable pour une piste de 750m.

C’était sans compter l’état très humide de la piste ! Au décollage pour repartir, il a été impossible d’atteindre la vitesse de rotation de 100 km/h. Après plusieurs tentatives, nous avons décidé d’alléger la machine d’une centaine de kg, moi-même seul à bord, plus une vidange partielle des réservoirs. La vitesse de rotation a été atteinte au 2/3 de la piste, une distance de roulage de quelques 500m, à comparer à 230m estimés pour une piste en herbe sèche.

Je suis donc allé me poser sur un terrain proche (piste en dur, 1600m !), vers lequel mon élève s’est rendu par un autre moyen.

Quand on pense avoir une bonne marge de sécurité pour une manœuvre donnée, en l’occurrence la distance de roulage au décollage, celle-ci peut s’avérer être très insuffisante, la manœuvre pouvant même être impossible. Dans le cas présent, le problème n'était pas la distance de décollage, mais bien l’impossibilité d'atteindre la vitesse de rotation !

Opérant depuis un terrain avec piste en dur, nous avons peu l’habitude d’utiliser les pistes en herbe et, quand c’est le cas, les pistes à proximité de notre plate-forme sont longues (1000m+) et bien drainées, donc sans risque particulier en période de pluie.

Dans le cas présent, le roulage s’est avéré difficile à cause du terrain très mou suite aux pluies abondantes de ces dernières semaines, sans compter le fait que l’avion était équipé d’une hélice grand pas. Ce n’est qu’en se renseignant auprès des usagers de la plateforme que nous aurions pu anticiper le problème, et encore !

Au même titre que la mto, les notams, le log de nav, etc., le pilote se doit de vérifier que les conditions de la piste à l'arrivée sont suffisantes pour permettre un décollage en toute sécurité. Ce n'était manifestement pas le cas ici, le pilote aurait du s'informer. D'une façon générale, il faudra éviter de se rendre sur des terrains en herbe pendant la période hivernale et après de fortes pluies, sauf pour les terrains bien connus à proximité de notre base, et si les usagers réguliers de la piste en question confirment que la piste est suffisamment sèche.

Actions correctives : Éviter les pistes en herbe en périodes de pluie.

Actions préventives : S'il est nécessaire de se poser sur un terrain en herbe, préférez un avion hélice petit pas, pas trop chargé, et prenez un facteur de 2 à 3 sur la distance de roulage donnée dans le livret d’aéronef. Et consultez les usagers réguliers de la piste avant de partir !