Nous partons pour un vol de révision (fin de formation LAPL).
Les conditions météo sont propices au givrage carbu (T/Td 10/8). J’attire du reste l’attention de l’élève sur un givrage en formation effective lors de la chauffe moteur et insiste donc sur l’utilisation de la réchauffe sol et vol.
Lors de la course au décollage, l’élève note un déficit de puissance (env. 100 RPM) que je confirme. Il engage aussitôt une interruption décollage et s’apprête à revenir au parking comme indiqué dans le briefing départ.
Je soupçonne un givrage. Afin de ne pas louper le créneau de vol (fenêtre météo rare), je lui demande de revenir au seuil de piste, pour une nouvelle tentative après application prolongée de la réchauffe.
La mise en puissance ne semble pas meilleure. Le fonctionnement moteur paraissant régulier et l’avion étant léger (2 personnes et moins de la moitié du carburant), je lui dit de poursuivre. La montée confirme le manque de puissance (Vz moindre que la normale). Je demande de poursuivre la montée en restant dans le cône 2AP. Nous faisons quelques exercices verticale terrain mais pris de remords, je préfère ne pas prolonger la séance.
De retour au parking, lors des procédures d’arrêt, je note que le contact magnéto était resté sur L (probablement après les essais moteur) ce qui explique le manque de puissance constaté.

Prise de risque inutile dans le contexte de vouloir profiter de la fenêtre météo (« objectif destination »), et focalisation sur une cause erronée.
Il fallait évidemment procéder comme briefé au départ (retour parking pour traiter tranquillement l’anomalie), ce qui nous aurait probablement permis de découvrir l’origine réelle du problème et faire ensuite une séance d’instruction sereine. J’ai été très transparent avec l’élève sur ma mauvaise exemplarité.

Effet de tunnelisation sur le risque de givrage, défaillance qui était apparue avant le vol lors de la chauffe de l'appareil au parking qui occulte complètement la vérification d'une autre cause potentielle du manque de puissance moteur constatée lors du décollage.
A postériori, il a été constaté que ce manque de puissance était dû à un fonctionnement sur une seule magnéto. Ce fonctionnement sur une seule magnéto étant vraisemblablement lié à un mauvais repositionnement du sélecteur lors des essais moteurs avant l'alignement.
Ce faible manque de puissance n'a pas eu de conséquence majeure sur le vol de l'appareil hormis une montée initiale à une Vz plus faible que celle habituellement obtenue lors du fonctionnement du moteur à pleine puissance mais qui aurait pu être plus critique en cas de température élevée (diminution plus significative des performances du moteur) ou en cas de présence d'obstacle à franchir dans la trouée d'envol.
Le manque de puissance constaté lors de l'accélération aurait dû conduire à un arrêt du décollage et à une recherche de l'origine du problème.
La tunnelisation sur le seul risque givrage a été aggravée par la volonté de réaliser le vol sous la pression temporelle liée aux courtes fenêtres météo permettant de voler dans la période de l'évènement.

Actions correctives : NIL

Actions préventives : rappel aux adhérents dans un flash sécurité de se conformer strictement aux actions définies à entreprendre en cas d'incident lors du briefing décollage.